Retour sur la session du PANLAR « Phénotypes et biomarqueurs de l’arthrose » par le Dr Monique Chalem 1
Le Dr Monique Chalem nous apporte des éclairages sur de nouvelles perspectives sur l’arthrose qui ont émergé lors de la session dynamique du PANLAR « Phénotypes et biomarqueurs de l’arthrose » 1, où les experts ont exploré comment les biomarqueurs, endotypes, phénotypes et thératypes influencent les prises de décisions cliniques, ouvrant la voie à l’avenir de la médecine de précision et à une prise en charge personnalisée de l’arthrose.
La prise en charge de l’arthrose repose principalement sur la mesure des symptômes et de la capacité fonctionnelle. Les avancées récentes en biologie moléculaire et la compréhension du rôle de l’inflammation ont transformé notre vision de l’arthrose, bien que l’arrêt de la progression de la maladie reste un besoin non satisfait. Il existe une reconnaissance croissante de l’hétérogénéité moléculaire, structurelle et clinique de l’arthrose, dans laquelle des sous-types de patients – définis par des phénotypes, endotypes et thératypes distincts – entraînent une transition vers la médecine de précision.
Concevoir l’avenir de la prise en charge de l’arthrose : phénotypes, endotypes, thératypes et régio-types
Le phénotype est une caractéristique ou un trait cliniquement observable de la maladie. Il peut y avoir un chevauchement entre les phénotypes car ils ne sont pas mutuellement exclusifs ; par exemple, un patient peut présenter des caractéristiques de plusieurs phénotypes, tels que post-traumatique, sénescent et métabolique.
Comprendre les endotypes moléculaires qui influencent les phénotypes cliniques est une étape cruciale pour la stratification des patients atteints d’arthrose en sous-types thérapeutiques pouvant faciliter le développement de médicaments modificateurs de la maladie spécifiques à l’arthrose (DMOADs) afin d’apporter un réel bénéfice clinique à long terme 2.
Les recherches actuelles ont identifié plusieurs phénotypes déterminés par les endotypes, y compris ceux associés à :
- Un faible renouvellement tissulaire
- Des dommages structuraux étendus
- Une inflammation systémique
Ces distinctions ont des implications importantes pour le développement et l’évaluation d’interventions ciblées visant à ralentir la progression de la maladie.
Un thératype est défini comme la prédiction de la réponse au traitement basée sur un endotype particulier de la maladie. Les résultats d’essais contrôlés randomisés reflètent généralement l’effet en moyenne du traitement dans la population étudiée, mais ne tiennent fréquemment pas en compte des réponses hétérogènes entre les patients. Si un sous-groupe bénéficie d’un traitement et un autre non, les résultats globaux peuvent sembler largement négatifs si le sous-groupe réactif n’est pas correctement identifié.
L’intégration des données sur les endotypes pourrait permettre des prédictions plus précises des patients les plus susceptibles de bénéficier de certaines interventions, réduisant ainsi l’inertie thérapeutique et permettant une meilleure interprétation des résultats cliniques.
Le concept novateur de « régiotype » est désormais introduit pour refléter l’influence des facteurs environnementaux et socioéconomiques sur les caractéristiques de la maladie selon les régions.
La précision pour décider : façonner l’avenir de la prise en charge de l’arthrose
Les stratégies thérapeutiques pour l’arthrose deviennent de plus en plus diversifiées, reflétant une compréhension plus approfondie de la complexité de la maladie. Les approches de recherche récentes explorent les voies impliquées dans l’inflammation, la réparation du cartilage et le remodelage osseux, orientant les futures stratégies vers des régimes individualisés basés sur les facteurs spécifiques de la maladie propres à chaque patient.
« A l’ère de la médecine de précision, disposer de biomarqueurs validés pour guider les décisions cliniques est plus important que jamais. »
Dr. Chalem

Les biomarqueurs peuvent nous permettre de mieux comprendre les processus pathologiques, d’offrir des opportunités pour une détection précoce, de réaliser des prédictions plus précises et de sélectionner les patients pour les essais cliniques en fonction de leurs endotypes. Cette approche pourrait potentiellement favoriser la stratification des essais cliniques sur l’arthrose et contribuer aux stratégies de médecine de précision pour la progression de la maladie à l’avenir.
Outre les progrès récents dans les biomarqueurs liés à l’inflammation, du métabolisme, du renouvellement osseux et de l’environnement cartilagineux, l’attention se tourne désormais vers de nouveaux candidats comme les ARN3 non codants.
L’avenir des traitements de l’arthrose reposera sur l’intégration des phénotypes cliniques, des endotypes moléculaires avec des profils de biomarqueurs et de thératypes pour adapter les traitements à chaque patient. En combinant ces données, il sera possible de dépasser les approches universelles et de développer des interventions ciblées et personnalisées qui agissent sur les causes sous-jacentes de la maladie de chaque patient, aboutissant à de meilleurs résultats et à une meilleure qualité de vie.
Références
- “Osteoarthritis phenotypes and biomarkers” PANLAR science session. PANLAR 2025; 2025 April 23-26, Mexico City, Mexico.
- Mobasheri A, Loeser R. Clinical phenotypes, molecular endotypes and theratypes in OA therapeutic development. Nat Rev Rheumatol 2024; 20(9):525-526.
- Ali S, Peffers M, Ormseth M, et al. The non-coding RNA interactome in joint health and disease. Nat Rev Rheumatol 2021;17(11):692-705.